Commentaire pour 'Tous les produits sont ils bons'
  • Si je partage globalement l'analyse de l'article de référence, bien qu'il date de 2008 et n'est plus totalement à jour, je remarque dans les interventions que l'on se focalise essentiellement sur une comparaison entre marques nationales et marques de distributeurs, alors qu'il existe un troisième type de produits : les "produits blancs" (pour reprendre le nom utilisé lors de leur lancement en Belgique en 1976 par le groupe GB-Inno-BM, actuellement Carrefour).  Ces "produits blancs", appelés "Generics" aux Etats-Unis, ont été ultérieurement désignés sous plusieurs vocables : "premiers prix", "marques discount", "produits libres", etc. La concurrence a suivi. Plus tard, avec l'émergence des "hard discounters" comme Aldi ou Lidl, ces produits blancs devenaient un outil de marketing pour leur tenir tête et éviter la fuite des clients, en gardant à l'esprit le principe de Bernardo Trujillo : "créer un îlot de perte dans un océan de profit" (sans qu'il faille le considérer de manière aussi radicale, les "produits blancs" générant du profit !). Actuellement, nous avons essentiellement comme "produits blancs" la marque "365" chez Delhaize, "Simpl" chez Carrefour et "Everyday" chez Colruyt.  Vient alors la question oppressante : "Y a-t-il un lien entre le prix de nos aliments et la qualité ?"  Je vais peut-être étonner beaucoup de monde, mais je réponds sans ambages globalement "Non".  Les raisons en sont multiples.  Tout d'abord l'emballage (le "packaging, comme l'appelle les spécialistes en marketing). Il est simpliste et l'impression est dichromique pour les "produits blancs", alors que pour les marques nationales et les marques de distributeurs, le design est plus complexe et la quadrichromie est utilisée.  Ceci implique inévitablement une forte différence de coût.  L'absence de publicité et de promotions pour les "produits blancs" est un atout extrêmement important, alors que les marques nationales et celles de distributeurs ont un recours intensif à la publicité.  La publicité représente environ 20% du prix de vente du produit. Certains frais de distribution pour les marques nationales expliquent aussi un prix plus élevé : par exemple les coûts additionnels payés par les fabricants pour obtenir des emplacements en tête de gondole.  Tous les éléments susmentionnés peuvent déjà justifier une importante différence de prix.  Mais quid de la qualité ?  Un préjugé a la vie dure, selon lequel les "produits blancs" seraient de moindre qualité. Il n'en est généralement rien. La raison en est simple.  Les fabricants de marques nationales produisent souvent aussi sous des marques de distributeurs et des "produits blancs", généralement sur les mêmes chaînes de production et avec les mêmes ingrédients, ce qui permet de mieux amortir l'investissement de l'équipement en augmentant les volumes. Parfois, pour des aliments préparés, des morceaux moins nobles de viande ou de poisson peuvent par exemple être utilisés, mais le processus de fabrication demeure identique.  Il est compréhensible que de tels fabricants se montrent habituellement très discrets sur les "sous-produits" qu'ils fabriquent. Sinon les consommateurs bien informés et rationnels se précipiteraient en masse pour acheter des "produits blancs" ! Ce sont donc essentiellement des aspects de marketing qui vont justifier les différences de prix et la perception qu'en aura le consommateur.  L'achat par le consommateur sera dicté peu ou prou par des considérations rationnelles, mais surtout par des préjugés, des croyances, l'instinct moutonnier (les "followers" comme on dit de nos jours), les leaders d'opinion (aujourd'hui les influenceuses et les influenceurs), l'image personnelle que l'on veut donner de soi et, bien entendu, le goût qui demeure un critère essentiel.  Mais le nombre de références de "produits blancs" étant de plusieurs centaines chez chacun des grands distributeurs en Belgique, on pourra certainement opérer un choix à son goût auprès de ces distributeurs si l'on se base sur des critères essentiellement rationnels. Mais le consommateur n'est pas nécessairement rationnel.

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