La Belgique croule sous les pièces mais doit en fabriquer !

FRANÇOISE DE HALLEUX

Tant de pièces en circulation et une menace de pénurie!Pixabay

Alors qu’on croule sous les pièces de monnaie, la Belgique a dû faire fabriquer 34,9 millions de nouvelles pièces de 5 cents pour éviter une pénurie. On a même craint une pénurie de pièces de 50 cents. 

La situation est paradoxale : alors que le paiement numérique se généralise, l’Union des classes moyennes s’inquiète d’une pénurie de pièces de monnaie, pour les 5, 10, 20 et même 50 cents. Autre paradoxe : ce risque de pénurie survient alors qu’il n’y a jamais eu autant de pièces de monnaie en circulation dans notre pays.

Au fond des tiroirs

Selon le ministre des Finances Vincent Van Peteghem (CD&V), on compte environ actuellement 4,23 milliards de pièces pour une valeur totale de 1,5 milliard d’euros.

Le problème, c’est que ces pièces dorment au fond de nos tiroirs. Malgré les campagnes de sensibilisation, on les oublie, on ne les utilise pas, on ne veut pas s’en encombrer…

Pour faire face à une pénurie, l’État n’a pas eu d’autres choix que de commander de nouvelles pièces à KNM, la monnaie royale néerlandaise, à qui la Monnaie royale de Belgique soustraite la fabrication des pièces. En avril et mai de l’année dernière, la MRB a passé une commande de 15 millions de pièces de 5 cents dans un premier temps, puis une commande supplémentaire de 19,9 millions de pièces de 5 cents. Mais il y a eu un souci : la tension sur le marché des métaux, en raison de la guerre en Ukraine notamment, a prolongé les délais de livraison.

Les deux commandes belges (pour les pièces de 5 cents) ont finalement été livrées mais avec des retards respectifs de 5 et 10 mois. Ces retards ont engendré un manque de disponibilité prolongé des pièces de 5 cents ce qui a contribué à ce que la demande se déplace en partie vers les pièces de 10, 20 et 50 cents dans l’intervalle.

Des échanges

Mais interrogé à ce sujet par le député Philippe Goffin (MR), le ministre des Finances a voulu se montrer rassurant. « Le stock de 50 cents a été reconstitué en février grâce à un accord d’échange avec le Portugal, pour lequel une partie des stocks inutilisés de 1 et 2 cents dans notre pays a été appelée et la valeur équivalente en 50 cents a été reçue ». Et le ministre de conclure sur la base de discussions qu’il a en permanence avec le secteur (banques, commerces, transports de fonds), que « la demande pour toutes les dénominations de pièces est actuellement bien satisfaite et les stocks sont reconstitués. Une rupture de stock pour les 50 cents n’est pas attendue dans les semaines ou les mois à venir. »