La N-VA veut scinder le rail, car les Wallons gaspillent l’argent et font trop souvent grève

DIDIER SWYSEN

Faudrait-il changer de train entre Gand et Liège?Pierre-Yves Thienpont

Las nationalistes flamands ont déposé une proposition de loi spéciale visant à régionaliser le transport ferroviaire : ils arguent des différences entre Flandre et Wallonie et d’une réponse plus adéquate aux besoins et souhaits des clients. 

Au siège de la N-VA, on s’est souvent prononcé en faveur de cette régionalisation. Des ténors comme Bart De Wever ou Ben Weyts ont déjà jeté ce pavé dans la mare.

Cette fois, c’est le député Tomas Roggeman « qui s’y colle » et ce ne sont pas que de « belles paroles » puisqu’il dépose un texte au Parlement, cosigné par une petite dizaine d’autres députés nationalistes (dont les ex-ministre et secrétaire d’État fédéraux, Theo Francken ou Sander Loones).

Question de pure logique, argumente l’auteur du texte. « À la suite des réformes de l’État successives, les entités fédérées ont, au cours des dernières décennies, élaboré leur propre politique de mobilité. On a déjà régionalisé les politiques relatives aux routes, aux voies hydrauliques, aux ports, etc. La réforme de 1988 a fait naître le TEC, De Lijn, la Stib. Si on veut une politique de mobilité durable et solide, prête à affronter l’avenir, il faut que nos autorités régionales aient en main les dernières clés pour lui conférer une dimension intégrée. »

Le jeu des 7 « erreurs »

La principale clé manquante est de pouvoir définir leur propre politique ferroviaire. « Les chemins de fer ont un rôle déterminant à jouer pour notre mobilité et notre économie », poursuit M. Roggeman. « Garantir aux entreprises ferroviaires un avenir sain et performant est la meilleure façon d’offrir un service de qualité aux usagers et un emploi sûr aux travailleurs. »

Le député nationaliste lance un « jeu des sept différences (qui a dit « erreurs » ?) entre le train en Flandre et en Wallonie. « Cette évolution est nécessaire si l’on veut tenir compte des réalités de la mobilité, différentes d’une entité fédérée à l’autre ». Il annonce la couleur. Accrochez-vous !

> Les statistiques montrent que l’usage du vélo diffère fort d’une entité fédérée à l’autre : 20 % des travailleurs effectuent les trajets domicile-travail à vélo en Flandre, 2 % en Wallonie. Pour la voiture, c’est 20 % de déplacements en plus pour les Wallons.

> Les gares sont plus fréquentées en Flandre (50 % des passagers à l’embarquement) qu’en Wallonie (25 %). « En Wallonie, de nombreuses gares et points d’arrêt comptabilisent peu de voyageurs, parfois moins de 20 embarquements par jour. »

> La clé de répartition des moyens financiers, c’est 60 % pour la Flandre et 40 % pour la Wallonie. La Flandre se sent flouée : 65/35 serait, selon M. Roggeman, plus conforme à la réalité du nombre de clients.

> La différence dans l’utilisation du réseau ferroviaire pour le transport de marchandises. 55 % du total de tonnes-kilomètres qui sont transportées par chemin de fer en Belgique le sont en région flamande, alors que le réseau ferroviaire y est plus restreint.

> On gaspille l’argent en Wallonie. « Regardez le coût des gares de Liège ou de Mons : un gaspillage d’argent inhérent à la compétence fédérale, sans aucun bénéfice pour le voyageur », dit M. Roggeman.

> La plus grande propension à faire grève en Région wallonne dans les chemins de fer. « Les grévistes wallons représentent systématiquement plus de la moitié du nombre total de grévistes, contre un quart pour les Flamands. »

Voilà, aux yeux de la N-VA ce qui rend nécessaire une approche différenciée entre Flandre et Wallonie (la N-VA n’oublie pas Bruxelles, il faut le préciser). « C’est la seule solution durable bénéfique pour les voyageurs et le personnel », conclut le député. « La plus-value de la régionalisation est illustrée par les réussites aux Pays-Bas ou en Suisse ».

Selon M. Roggeman, la seule solution bénéfique pour les voyageurs et le personnel