Les gyrophares verts en test: «Pourvu qu’on nous laisse passer...»

 C.J.

Le Sergent Martens (zone de secours Hainaut Centre).D.R.

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Les gyrophares verts, dits « de courtoisie » feront leur apparition sur les routes à partir de ce mardi. Leur utilité ? Inciter les automobilistes à laisser la priorité aux véhicules des pompiers. Si la zone Hainaut-Centre n’est pas directement concernée, nos pompiers ont cependant leur avis sur la question.    

Vias Institute teste un nouveau dispositif dès ce mardi dans quatre zones de secours, deux en Flandre et deux en Wallonie. Il s’agit du feu de courtoisie vert, installé sur le tableau de bord du véhicule du pompier, appelé en caserne pour une intervention urgente. L’objectif est de le rendre visible et d’inciter les autres usagers à lui céder le passage.

« Le temps est calculé sans l’utilisation du gyrophare pour le moment quand nous sommes rappelés en caserne » atteste Gregory Vermeulen, pompier ayant participé à ce projet pilote. À partir du 1 er août, arrive la phase d’utilisation de ce gyrophare vert lors de chaque rappel. Et ce, avec le temps de parcours mesuré via une boîte noire installée dans le véhicule personnel du pompier volontaire.

Les pompiers volontaires sont de garde à domicile. Une fois contactés pour une intervention urgente, ils doivent rejoindre la caserne le plus vite possible. Sur base du chronomètre, un rapport précisant le temps gagné sera élaboré. « Au bout des quatre mois, à partir de mardi, nous tirerons des conclusions. Si ces dernières sont positives, on changera le Code de la route et tous les pompiers volontaires de Belgique pourront l’utiliser » avance le porte-parole de Vias, Benoit Godart.

Du côté des pompiers de Binche, le sergent Martens espère que cela va se faire ! « Étant dans un poste de volontaires, en journée, il y a une garde. Mais à partir de 19h, la caserne est fermée. Les gens sont ainsi rappelés ». Ce gyrophare, dépourvu de sirène, ne serait pas bleu mais permettrait de distinguer dans le trafic le véhicule d’un pompier volontaire appelé d’urgence. Même si ce dernier ne devient pas pour autant prioritaire, selon Vias, quelques minutes peuvent se révéler cruciales lors d’interventions : « Ce qui est embêtant, c’est que nous ne sommes pas prioritaires. Si le pompier roule trop vite, qu’il se fait flasher ou est arrêté par la police, il a une amende car nous devons respecter le Code de la route. Mais avec ce feu vert, qui ne sera pas un attribut prioritaire, on va simplement demander de nous laisser passer pour aller aider autrui » .

De la courtoisie au volant

Ce dispositif s’inscrit ainsi dans une démarche de courtoisie demandée aux autres automobilistes. « Ce n’est pas un passe-droit mais il permet de transmettre ce message aux autres usagers : « Je suis pompier volontaire, je dois me rendre le plus rapidement possible à la caserne. Même si vous avez la priorité, par exemple à un rond-point, est-ce que vous accepterez de me laisser passer ? » explique Benoit Godart.

Courtoisie que le sergent Martens espère d’application : « Face à un gyrophare bleu, les gens nous laissent passer. Face à un feu vert, je ne sais pas si cela sera le cas ». Lui-même avait sa propre technique lorsqu’il était volontaire : « Je rentrais en caserne avec mes quatre clignotants, en essayant de forcer un peu le passage et en roulant un peu vite. Mais bon, peut-être que ce feu vert instaurera une bonne communication, dans l’espoir qu’on nous laisse passer... »

Le facteur «stress»

« Les situations sont assez diverses et les réactions des usagers de la route aussi, lorsque nous sommes en intervention avec nos feux allumés, » commente Antoine Falmagne, capitaine de la caserne des pompiers de La Louvière. « Certains se comportent de manière correcte comme le stipule le Code de la route mais d’autres qui, à cause du stress ou animés de mauvaises intentions, font n’importe quoi ». Cette diversité de réactions est déjà un souci préalable à régler, selon Antoine Falmagne : « Si les usagers de la route pouvaient déjà respecter le passage des véhicules prioritaires... Pour les pompiers, ambulances et la police, ce serait un bon point plutôt que de mettre en place un dispositif supplémentaire, » partage le capitaine dont le poste de secours à La Louvière compte actuellement huit pompiers sous statut de volontaire.

Le sergent Martens pointe par ailleurs les trop nombreux conducteurs distraits. « La musique va à fond et, malgré le gyrophare bleu et la sirène qui retentit, on ne nous voit pas ! Cela dit, si cela peut fonctionner dans 80 % des cas, c’est déjà ça de gagné ».

conducteurs « distraits »

Pour Antoine Falmagne, capitaine de la caserne des pompiers de La Louvière, ce n’est pas forcément une bonne idée. « Le fait de rouler en urgence, d’avoir une mission qui nous est confiée implique d’avoir le matériel adéquat et de venir en aide directement au citoyen ». Il ajoute : « Ici nous sommes dans la situation où l’on entre dans un poste de secours afin de prendre un départ pour une intervention. Mais à mon sens, cela ne permet pas de rouler au-delà des vitesses autorisées et de passer aux feux rouges comme le permettent les véhicules prioritaires ». Pour ce dernier, des risques inutiles seraient pris en utilisant ce gyrophare de courtoisie. « Avec tous les travers que cela peut comporter, je ne suis pas pour. Sans compter les abus de la part de personnes mal intentionnées sur lesquelles il sera difficile d’avoir un contrôle efficace ».