Alcool au volant : le délai de 15 minutes avant de souffler, c’est terminé

Yannick Hallet

L’objectif est de renforcer la rapidité et l’efficacité des contrôles.Photo News Grâce à de nouveaux logiciels dans les appareils, les conducteurs ne pourront plus demander un délai de 15 minutes avant de souffler dans l’éthylotest.

Chaque jour en Belgique, on dénombre douze accidents sous l’emprise de l’alcool, soit un toutes les deux heures (4.224 sinistres en 2022). Dans le même temps, 128 conducteurs sont verbalisés quotidiennement pour avoir trop bu. « La conduite sous influence est l’un des trois tueurs, avec la vitesse et la distraction.

Nous allons apporter deux améliorations fondamentales au niveau des contrôles alcool », annonce Georges Gilkinet, le ministre fédéral de la Mobilité.

Jusqu’à présent, les conducteurs peuvent demander un délai de quinze minutes avant de souffler, prétextant qu’ils ont bu il y a très peu de temps et

que l’alcool encore présent dans la bouche pourrait fausser le résultat. Cette faculté va être supprimée. « Il ne s’agit pas d’enlever un droit au citoyen. Grâce à de nouveaux logiciels, la fiabilité des appareils a été améliorée. Le temps d’attente n’est plus nécessaire », justifie le ministre. Dès lors, les agents ne devront plus garder un œil sur les automobilistes qui patientent sur le côté avant d’être testés. Les opérations gagneront en efficacité et en rapidité.

Le deuxième changement concerne la puissance et la durée du souffle pour que l’évaluation de l’alcoolémie soit fiable. Pour certains conducteurs

présentant des problèmes pulmonaires, c’était un effort insurmontable. Souffler moins fort « Le minimum de volume d’air expiré requis est diminué d’un tiers, de 1,9 litre à 1,2, également grâce à l’évolution technique des appareils de mesure. Il ne faudra donc plus s’y reprendre à deux fois pour souffler », précise Georges Gilkinet.

Pour le ministre, ces deux modifications vont faciliter la vie de tout le monde, les automobilistes qui ont un comportement correct comme les

policiers. « Elles peuvent sembler anodines mais elles permettront d’effectuer davantage de contrôles sur un laps de temps équivalent et donc de lutter plus efficacement contre l’alcool avec comme objectif final que des personnes ne se mettent plus en danger ou ne mettent plus en danger les autres », rappelle le ministre fédéral.

Les ministres fédéraux de l’Intérieur et de la Justice ont validé ces nouvelles procédures qui feront l’objet d’un arrêté du ministre Gilkinet

après une concertation avec les trois Régions. « Elles ne devraient pas s’y opposer. Nous avons les mêmes objectifs. Ces modifications seront d’application pour la campagne Bob des fêtes de fin d’année. Ce sera un très bon signal, me semble-t-il car la période est dangereuse », estime Georges Gilkinet. Ces mesures complètent un plan d’actions plus large dont la dernière mesure a été prise avant l’été.

Depuis le 1 er juin, le seuil de tolérance entraînant le retrait de permis immédiat et provisoire du permis a été abaissé de 1,5 g à 1,2 g. Selon les enquêtes menées, 19 % des Belges admettent avoir déjà conduit en ayant dépassé le taux légal d’alcoolémie. Par ailleurs, 7 % des conducteurs ont déjà été impliqués dans un accident en ayant abusé de la bouteille. Quelque 115 vies pourraient être sauvées chaque année si plus aucun automobiliste ne roulait sous l’influence de l’alcool.